Les esturgeons

Livre Esturgeons & Caviar (Jaques Arrignon / Rolland Billard – Collection Aquaculture Pisciculture. Ed. TEC & DOC)

BELUGA

Huso huso (bélouga ou grand esturgeon)

Le rostre jaunâtre est court (7-12 % de la longueur du corps) conique et cartilagineux et sa longueur relative diminue avec l’âge. Le corps est massif, hauteur variant entre 9 et 22 % de la longueur totale. La bouche protactile affecte la forme d’une demi-lune dont les pointes sont tournées vers l’arrière, la lèvre inférieure est largement échancrée en son milieu. Les barbillons sont longs, compressés latéralement et possèdent des appendices foliacés. Plusieurs auteurs ont proposé diverses sous-espèces, mais aucune n’a été retenue comme valide. Il existerait toutefois diverses populations inféodées aux grands fleuves : Volga, Oural, Kura. Il n’existerait qu’une population typique de la mer Noire bien que des races (natio) aient été proposées dans le Danube et le Dniepr. Bloch (1785) signale qu’un « grand esturgeon » de 300 livres a été vu à quelques miles de Vienne et un autre à 1 mile de Linz. H. huso a aussi été présent en Méditéranée. Il est sympatrique avec 
A. gueldenstaedtii, A. stellatus et A. nudiventris.

Dans le sud-est de la mer Caspienne, les bélougas se cantonnent dans les zones profondes en hiver (en dessous de 30m), remontent à une profondeur de 10-20m au printemps et se dispersent dans toute la zone sud-est en été. En automne, ils migrent dans des zones d’engraissement au sud au-delà d’une ligne Gasan-Kuli-Aster. Ils s’alimentent principalement de poissons, le kilka commun pour les bélougas de moins de 40cm, divers gobiidés pour ceux de 40 à 280 cm et des harengs, carpes, mulets et autres esturgeons pour les bélougas les plus gros.

Les reproducteurs en migration remontent dans les fleuves à l’automne, séjournent en hiver dans des fosses et frayent au printemps dans des zones profondes à fond de galets et courants rapides. Certaines populations ne remontent qu’au printemps et se reproduisent durant la même saison. 
La fraie requiert un débit d’eau très élevé 25 000 m³/s pendant 15-20 jours. Activement pêchée, cette espèce a fait l’objet de lâchers importants de juvéniles pour le soutien des stocks en mer Caspienne et en mer d’Azov.

Les populations de la Volga sont réduites et celles de l’Oural, restées abondantes jusque dans les années 1980 (il y a peu de barrages sur ce fleuve), sont maintenant réduites (280 t pour l’ensemble des espèces) en raison de captures illégales. La persistance de stocks exploitables passe surtout par une application très stricte des réglementations de pêche existantes.

OSCIETRE et OSCIETRE GOLD

Acipenser gueldenstaedtii (esturgeon russe)

Espèce anadrome, se trouve représentée dans les fleuves donnnt sur la mer d’Azov (Don, Kuban), la mer Noire (Danube, Dniepr, Bug, Dniestr, Rioni, Inguri) et la mer Caspienne (Volga, Oural, Kura, Terek, Sulak).

Deux variétés existeraient, l’une dans la mer Noire (A. gueldenstaedtii var. tanaica) et l’autre dans la partie caucasienne de la mer Noire, (A. gueldenstaedtii var colchicus). Des divisions de rang plus mineur (race ou natio) sont quelquefois faites cille tanaicus, colchicus, danubicus mais ne sont pas unanimement considérées comme valides. Des populations constituant des stocks exploités distincts sont inféodées à chacune de ces rivières et des formes saisonnières d’hiver et de printemps ont été signalées dans certaines d’entre elles, voire des formes sédentaires, par exemple dans la moyenne et basse Volga, dans le Danube et dans l’Oural jusqu’au début des années 1970. Dans la Volga moyenne ces formes n’ont cependant pas subsisté après implantation des barrages. A. gueldenstadtii est sympatrique avec A. stellatus, A. nudiventris et H. huso. Des hybrides viables sont en outre rapportés avec A. stellatus, A. sturio, A. nudiventris et H. huso. Des données de biologie moléculaires suggèrent la présence d’hybrides A. gueldenstaedtii X A baerii en mer Caspienne.

SEVRUGA

Acipenser stellatus (esturgeon étoilé ou sévrouga)

Le corps allongé et fuselé est recouvert de plaques osseuses étoilées entre les rangées d’écussons ; le rostre est étroit et long (59 à 65 % de la longueur totale de la tête) et aplati dorsoventralement, ce qui le différencie de tous les autres Acipenser. La lèvre inférieure est échancrée en son milieu. La couleur des sujets en mer est plus foncée qu’en eau douce.

Des populations semblent s’être établies dans la mer d’Azov et la Caspienne en raison d’un isolement reproducteur ancien et des habitats très différents ; une sous-espèce A. stellatus donensii a été proposée mais n’a pas jusqu’ici été unanimement admise. Est sympatrique avec A. gueldenstaedtii, A. nudiventris et H. huso. En mer ces esturgeons vivent en zone côtière à 50-100m jusqu’à 300m en hiver, mais peuvent habiter les zones moins profondes de 3 à 15m du nord de la mer Caspienne ; ils évitent les zones turbides des estuaires et migrent en rivière sur de longues distances pour se reproduire. A. stellatus est activement pêché dans les mers Noire, Caspienne et d’Azov mais il y a eu un apport important de juvéniles par repeuplement en particulier dans la mer d’Azov. La population du Danube n’a pas fait l’objet de soutien de stocks par repeuplement en juvéniles et il a été constaté que la variabilité génétique était plus marquée que dans les populations de la mer d’Azov et de la mer Caspienne. Les stocks ont fortement baissé au cours des vingt dernières années, passant d’une biomasse estimée à 13 700 tonnes en 1977 à 5 600 en 1989. Les effectifs dans l’Oural étaient de 1 328 000 individus en migration en 1977 contre 377 000 en 1988 avec 90 000 reproducteurs (nombre considéré comme critique). En danger.

NACCARII BIO

Acipenser naccarii (esturgeon de l’Adriatique)

Tête allongée (20 % de la longueur du corps), rostre court large et arrondi à profil supérieur légèrement concave, lèvre inférieure échancrée, yeux petits, barbillons non frangés insérés plus prés de l’extrémité du rostre que de la bouche, nageoire dorsale débutant à l’arrière de l’anus. Cette espèce surtout rencontrée en eau douce paraît plutôt amphidrome car elle a été signalée en mer Adriatique en zone côtière à des profondeurs de 10 à 40m sur fond sableux ou vaseux. Elle a occupé la côte et les fleuves côtiers de l’Est Adriatique mais semble n’exister actuellement que dans le cours moyen et inférieur du Pô. Les stocks ont été toujours historiquement faibles ; les captures annuelles étaient de 2-3 t en 1991. Des essais d’aquaculture ont été réalisés avec succès pour la production en pisciculture en vue de repeuplement et de consommation à partir de sujets capturés dans le Pô vers les années 1977 et amenés à maturité en captivité et reproduits dès 1988. La production actuelle est de l’ordre d’une centaine de tonnes par an.

Les barrages, la pollution et le braconnage sont des menaces pour l’espèce. Vulnérable. Dénommé aussi esturgeon italien ou storion gobice.

WHITE STURGEON

Acipenser transmontanus (esturgeon blanc)

Les barbillons sont plus près de l’extrémité du rostre que de la bouche, se trouve surtout dans l’ouest du continent nord-américain. Il a existé dans une zone allant de la basse Californie au Mexique jusqu’au Cook Inlet en Alaska mais se trouve actuellement confiné aux Etats de Californie, d’Orégon et de Washington et à la province de Colombie-Britannique ; vit principalement en eau douce et saumâtre (mais il supporte la pleine salinité dès qu’il atteint 2-15 kg) et peut effectuer des migrations dans l’océan et reste en général en zone côtière allant jusqu’à des profondeurs de 30m. Il existe une population potamodrome dans le cours supérieur de la rivière Columbia. S’alimente d’invertébrés, mais il est aussi piscivore. Fraie au printemps (mai-juin) en zones profondes à fond de graviers et de blocs rocheux, les œufs sont adhésifs. Le record historique dépasse 800 kg pour une femelle. Il a fait et fait encore l’objet d’une exploitation par pêche professionnelle, à l’aval du barrage de Bonneville (Orégon et Washington), les captures étant autorisées périodiquement selon la taille des stocks. Protégé dans l’Idaho et le Montana, fait maintenant l’objet d’élevage aux Etats-Unis et en Europe (Italie). A faible risque.

SIBERIEN

Acipenser baerii (esturgeon sibérien)

La morphologie (forme et taille) du rostre est polymorphe et varie suivant les régions. La lèvre inférieure est échancrée transversalement en son milieu. Quelques petites plaques osseuses en forme d’étoiles sont disséminées entre les rangées d’écussons. Les branchiospines sont en forme d’éventail, chacune montrant quelques protrusions. Cette espèce est largement distribuée dans toutes les rivières de Sibérie : deux sous-espèces sont reconnues ; A. baerii stenorhynchus baicalensis, forme typique naine du lac Baïkal, et A. baerii haytis dans les systèmes des fleuves Ob, Aldan, Lena. Des variations morphologiques nettes sont observées sur les individus des parties amont, moyenne et aval du bassin de la Léna et seraient surtout déterminées par des différences de température.

L’espèce A. baerii se rencontre surtout en eau douce mais certaines formes féquentent les estuaires. Des juvéniles (200g) de la population du lac Baïkal sont incapables de réguler leur pression osmotique sanguine lorsque la salinité est élevée à 10,5 -12 % (Krayushkina et Moiseyenko 1977). La diversité de populations et le caractère strictement potamodrome de certaines d’entre elles, en particulier en Iakoutie, pourraient être dus à des isolements géographiques imposés par les glaciations quaternaires qui ont confiné et isolé des populations dans divers milieux d’eau douce. Vit en sympatrie avec A. ruthenus dans plusieurs rivières. Les stocks sont restés importants mais un déclin s’est manifesté malgré un effort de repeuplement pratiqué par l’ex-URSS. Certaines populations originales sont menacées comme dans le lac Baïkal et dans l’Ienissei où des formes migratrices lacustres ont été surpêchées ; elles ont été mises en 1983 sur liste rouge. A ; b baicalensis est sur la liste russe des espèces en danger depuis 1985. Il existe des signes inquiétants de déclin du recrutement par réduction des capacités de reproduction et de développement des juvéniles liées à l’implantation des barrages qui réduisent ou diffèrent dans le temps les débits et hauteurs d’eau nécessaires (Ruban 1997). Vulnérable.

KELUGA AMOUR

Huso dauricus (kalouga)

Les barbillons possèdent des appendices pliés. Se distingue des autres esturgeons par une bouche à grande ouverture occupant toute la largeur de la partie ventrale de la tête. Cette particularité est à rapprocher du fait que ces poissons deviennent très tôt piscivores ; ils ont un comportement alimentaire pélagique, très différent de H. huso. Après la phase d’alimentation benthique la première année, les kalougas consomment des petits poissons pélagiques dont des juvéniles de saumon keta et, après 3-4 ans d’âge, des poissons plus gros comme des grands saumons, morues et perches locales. Il y a du cannibalisme durant les premiers stades.

Cette espèce est endémique dans le bassin du fleuve Amour, une population est exclusivement potamodrome restant confinée dans le fleuve lui-même et une autre, amphidrome, migre dans le golfe de l’Amour. Des individus entrent dans les mers d’Okhotsk et du Japon et certains vivent dans les rivières des Iles Sakhalines ; ils sont plus petits que ceux du fleuve Amour. Des spécimens ont été capturés au large des côtes japonaises d’Hokkaido.

Le caviar de cette espèce est apprécié. Les stocks n’ont jamais été très importants (400 à 1000kg pêchés chaque année dans les années 1930 à 1950). L’espèce a fait l’objet de surpêche ; elle bénéficie maintenant de mesures de protection qui ressentent cependant insuffisantes compte tenu du braconnage et des projets de construction de barrage et qui demandent à être concertées, surtout entre la Chine et la Russie.

ASETRA AMOUR

Acipenser schrenckii (esturgeon de l'amour)

Roste pointu, barbillons frangés. Se trouve à l'état endémique dans le bassin de l'Amour, est potamodrome mais il existe des populations pouvant vivre dans les eaux saumâtres du liman (lagunes) de l'embouchure de l'Amour. Historiquement, cette espèce n'a eu qu'une représentation faible, les captures annuelles déclinant de 30 à 40 t au cours des années 1930-1950. La pêche est interdite dans le bassin de l'Amour sauf du 15 juin au 15 juillet où des individus peuvent être capturés dans une limite de 60 t (pour A. Schrenckii et H. Dauricus) et le commerce international est illégal.

Acipenser Schrenckii a souffert des populations, des barrages et du braconnage. Des mesures internationales de protection sont nécessaires. Une écloserie a été mise en place en 1988 et depuis, 900 000 larves de 0.2 à 0.4 g et 160 000 juvéniles de 30 g ont été relâchés. Les chercheurs chinois recommandent de limiter davantage les captures, d'interdire strictement la prise de juvéniles et de renforcer les opérations de repeuplement ; ces efforts de conservation et de réhabilitation devraient être conduits par les deux pays riverains, Chine et Russie. En danger.

KARABURUN

Acipenser gueldenstaedti persicus

Un esturgeon exclusif du Sud de la Caspienne. De la taille et du poids de l'Asetra qui lui est très proche, il ne s'en distingue que par sa trompe noire qui lui a valu sa dénomination, Karaburun signifiant "museau noir" dans le jargon des pêcheurs d'esturgeons. Proche de A. Gueldenstaedtii dont il a été, un temps, une sous –espèce. Il s’en distingue par un plus petit nombre d’écussons et de branchiospines, un rostre plus long, plus effilé et moins concave avec un corps plus allongé. Est surtout présent dans la mer Caspienne et les fleuves Volga, Kura, Oural et à un moindre degré Terek, Suli et Tamur. Un petit nombre d’individus fréquentent les rivières iraniennes Sefid-Rud et Grogan-Chaii. Il affectionne des eaux plus chaudes que A. gueldenstaedtii ; certaines formes, en particuliercolchicus, vont frayer dans les rivières de montagne du sud à courant rapide, mais à température relativement élevée 20-22 °C. A. Persicus est beaucoup moins abondant que A. gueldenstaedtii.


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